Plongé depuis 2015 dans une guerre imposée par les forces du mal, le Burkina Faso peine à trouver la parade. Cette situation a entrainé des dizaines de milliers de déplacés à l’intérieur du pays exacerbant les conditions de vie. Certes les forces de défense et de sécurité burkinabè ne chôment pas sur le terrain, mais les résultats ne sont pas à la hauteur avec chaque fois des morts et des blessés dans leurs rangs.
C’est dans cette situation insoutenable suite à la détérioration du climat sécuritaire, que l’on vient d’apprendre à travers un communiqué du Parquet du procureur militaire de Ouagadougou que huit (08) éléments des forces armées burkinabè ont été interpelés et interrogés, parce que suspectés « de projet de déstabilisation des institutions de la République ». Et selon nos confrères de Jeune Afrique, c’est le lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana qui serait le cerveau. L’officier militaire a été mis aux arrêts, le 10 janvier 2022 en même temps que plusieurs autres soupçonnés de fomenter un putsch.
Suivant cette déclaration, dans la foulée, nous avions aussi remarqué, des restrictions voire une rupture de la connexion mobile à Ouagadougou, dans l’après-midi du 10 janvier. Ce qui a occasionné des perturbations au niveau des réseaux sociaux notamment Facebook et WhatsApp. Ce qui permet de soutenir l’idée selon laquelle cette coupure de la connexion n’a pas seulement qu’un lien avec des activités entrant dans le cadre de la lutte contre le terrorisme mais également entre dans le cadre de la procédure mise en place pour contrer cette tentative.
Cette remarque peut être soutenue car le ministre de la défense maintient dans presque toutes ses prises de parole publique que «sans communication, le terrorisme n’est rien». Donc on pourrait en partant de sa logique que la connexion internet a été coupée, pour traquer des terroristes mais également les présumés auteurs de la tentative de putsch.
Cela va se savoir peut être sans doute dans les jours à venir. En attendant de pouvoir clarifier cette situation, on rappelle que le Burkina vient à peine de sortir du procès contre le coup d’Etat manqué de 2015. Et malgré cela, le Burkina Faso semble être de nouveau dans le viseur d’un putsch, alors que le Président du Faso vient avec ses paires de la CEDEAO de bander des muscles contre la junte au pouvoir au Mali, auteure de deux putschs militaires en 10 mois.
Le paradoxe est que pendant que Roch Kaboré se bat contre les putschistes du Mali voisin, les mêmes démons de la prise de pouvoir par les armes rôdaient autour du pouvoir que lui a conquis en 2015 et conservé en 2020. Et surtout qu’il y a quelques jours seulement, le tout nouveau Premier ministre, Lassina Zerbo était devant les députés pour l’exigence démocratique qu’est sa déclaration de politique générale.
Face la détermination du peuple burkinabè pour bloquer la tentative de coup d’Etat en 2015, on se disait qu’au Burkina, certains n’oseraient plus s’adonner à cette pratique car le Général Diendéré, s’il n’avait interjeté appel, purgerait une peine de prison à cet effet. Malgré le jugement de cette affaire, l’idée de coup d’État semble resurgir et les Burkinabè doivent veiller au grain pour éviter au pays de tomber encore dans une autre période d’incertitude pour le processus de démocratisation.
En novembre 2021, ce refrain de coup d’état était sur les lèvres de certains Burkinabè, ce qui a poussé le président de l’Assemblée nationale, Alassane Bala Sakandé, lors d’une session du Bureau politique national du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP, pouvoir), à affirmer haut et fort «Il n’y aura pas de coup d’Etat dans ce pays, à partir du moment où les forces de défense et de sécurité sont des forces républicaines».
On peut dire que le Burkina vient d’échapper à ce coup d’Etat qui était en préparation, à en croire le Parquet militaire de Ouagadougou. Cette tentative sera-telle la dernière ? Une interrogation à laquelle, on ne peut s’hasarder à répondre par l’affirmative sauf à savoir lire l’avenir.
On peut conclure que le Burkina vient d’échapper à un recul démocratique. Quand, les militaires prennent le pouvoir, ils usent de manipulation de l’opinion pour devenir des saints et n’ont qu’un refrain : « Nous sommes là pour servir le peuple ». Et ce sont des périodes propices à toutes les manœuvres antidémocratiques possibles pour rester le plus longtemps. Prenons l’exemple du Mali, le colonel Assimi Goïta à travers des assises veut s’octroyer, un mandat de 5 ans. D’où la colère de la communauté internationale.
En s’alignant sur ce postulat de remettre en cause les lois fondamentales des pays, on peut affirmer qu’aucun putsch militaire ne doit être toléré. Cependant, il est important aussi que les dirigeants élus démocratiquement travaillent à respecter les règles du jeu, par l’organisation d’élections ouvertes, l’acceptation de l’opposition, la bonne gouvernance et la justice sociale comme boussole.
Et c’est à cela que la CEDEAO doit, en permanence, veiller pour ne pas avoir à se mettre à dos les peuples. Si ces conditions ne sont pas respectées les peuples vont aussi continuer à prendre les meneurs des coups d’état comme des sauveurs et non des putschistes.