Les plaidoiries pour les intérêts civils au procès de l’assassinat de Thomas Sankara et ses 12 compagnons ont débuté finalement, ce lundi 25 janvier 2022, au tribunal militaire de Ouagadougou.
Dès l’ouverture de l’audience, ce sont les avocats de la partie civile qui ont ouvert les plaidoiries à l’occurrence Me Sankara. Pour l’avocat, les ayants droit de la famille du père de la révolution d’août 1983 ne réclament que la vérité et la justice. Par conséquent, ces derniers ne réclament que la somme symbolique de 1 F pour le préjudice moral. En ce qui leurs honoraires, les avocats nationaux dans ce dossier demandent aussi la somme de 1 F symbolique.
Il a ajouté au cours des plaidoiries que les ayants droit de la famille souhaitent que soient restitués les objets personnels de Thomas Sankara, notamment son alliance, son carnet de mémoire, l’album photo et son revolver à la veuve. Et aussi que le certificat de décès de Thomas Sankara soit délivré conformément aux faits.
Pour les avocats étrangers dans ce dossier, les avocats de la partie civile réclament la somme de 50 millions de F CFA pour leurs frais de transport, d’hôtel et de restauration. Il s’agit des avocats étrangers notamment Me Nzepa Ferdinand, Me Anta Guissé et Me Oliver Bodolo.
Devant toutes ces demandes des avocats, le président du tribunal, Urbain Méda revient à la charge pour faire des observations. Il pose la question suivante « si les objets réclamés n’existent plus, qu’est-ce qui doit être fait ? « , demande le président de la Chambre à Me Sankara. Il a aussi demandé quelques pièces justificatives pour soutenir la demande de 50 millions de francs CFA au profit des avocats étrangers.
Et Me Sankara de répondre. ‘’ Les objets qui ont été enlevés l’ont été par les éléments de la Police et de la Gendarmerie si bien qu’ils peuvent être retrouvés si on fait la demande. Pour ce qui concerne les pièces justificatives, Me Sankara s’est dit disposé à les reverser.
Après Me Sanakara, ce fut le tour de Me Prospère Farama. Dans son argumentaire, il a précisé que des noms de certains ayant droits ont été omis alors que toutes leurs pièces ont été soumises à la Chambre. En continuant dans cette audience, il a aussi accentué que l’Agence judiciaire de l’État (AJE) a déclaré que les réclamations de certaines victimes sont irrecevables, se fondant sur l’article 331, alinéa 2 du code pénal.
En invoquant ce dispositif l’AJE sous-tend que tous ceux qui ne se sont pas constitué partie civile ne pourraient pas demander réparation. Pour l’avocat de la partie civile, cette lecture est parcellaire et est par conséquent insoutenable. « Les avocats de Gilbert Diendéré soutiennent également que des victimes ont déjà été indemnisées et ne devraient plus s’attendre à quelque-chose », a indiqué Me Farama.
L’Agent judiciaire de l’État (AJE) en se constituant partie civile dans le dossier Thomas Sankara. Il a demandé réparation pour préjudice subi à hauteur de 1 145 462 048 F CFA. Pour l’AJE le préjudice subi par l’État burkinabè est énorme. De l’attentat à la sûreté de l’État en passant par l’inaction de l’État suite à un coup d’État.
L’AJE cite comme préjudice : « le dédommagement fait à certaines familles (sauf celle de Thomas Sankara qui a refusé), la somme de 430 millions de F CFA en 2021 ; la réparation de la porte du secrétariat du conseil de l’entente à 5 millions de F CFA ; des munitions utilisées soit plus de 200 munitions évaluées à 7 millions de F CFA ».
Pour le coût général des préjudices moraux, matériels et financiers, l’AJE demande que Blaise Compaoré, Gilbert Diendéré et les autres condamnés lui restituent « la somme de 1 145 462 048 F CFA ». Cette demande de l’AJE a provoqué une réaction des avocats de la défense. Me Olivier Yelkouni a demandé que la requête de l’AJE soit « irrecevable ».
Il se justifie en ces termes : « l’État dit qu’il a été inactif et demande que les civils soient condamnés. C’est quand même paradoxal ». Mieux, pour les sommes demandées comme réparation, Me Olivier Yelkouni déclare que celles-ci sont « fantaisistes », car aucune facture n’a été fournie attestant d’une réparation d’une porte à hauteur de 5 millions de F CFA.
A part la famille Sankara qui ne réclame « rien », les autres victimes ont fourni des écritures à la chambre pour obtenir réparation des préjudices subis. Selon Me Séraphin Somé, les préjudices subis par les familles dépassent de loin les sommes imposées de force par l’État en 2021.
Sur 14 accusés, ce sont les 11, a qui, l’AJE demande de lui payer les plus d’un milliard car les accusés Bossobé Traoré, Jean Christophe Guiebre et Amadou Kafando ont été acquittés. En ce qui concerne les intérêts civils dans ce procès, la chambre du tribunal militaire a mis en délibérer le dossier pour le 10 mai 2022 à 10 heures.