2 décembre 2023
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La désinformation et la manipulation : Une grave menace pour la paix sociale au Burkina

Le meeting d’interpellation des autorités de la transition et de commémoration du 9ème anniversaire de l’insurrection populaire d’octobre 2014 annoncé par le collectif CGT et une vingtaine d’organisations de la société civile pour ce 31 octobre 2023, a finalement été suspendu par les organisateurs. Dès son annonce le 14 octobre, ce meeting a suscité des réactions incompréhensibles faites de menaces de toutes sortes, de fake news, de désinformation et de dénigrements contre les organisateurs. La fracture sociale s’est exprimée dans toute sa profondeur et toute sa laideur. Certains acteurs semblent prêts à tout pour défendre le pouvoir de transition dont ils se réclament des soutiens. Malheureusement, celui-ci n’a osé le moindre appel à la retenue de ses partisans.

Des vidéos d’individus à visages découverts aiguisant des machettes ; des appels à guillotiner des marcheurs et manifestants à l’appel des organisateurs du meeting ; des fake news annonçant une collusion entre les leaders de la CGT-B avec des puissances impérialistes pour déstabiliser la transition ; une campagne de désinformation pour chauffer à blanc l’opinion ; bref, tous les coups étaient permis pour dissuader l’organisation de ce regroupement de voix discordantes par rapport aux discours officiels.

Pendant près de deux semaines, ce projet de meeting a cristallisé les tensions et mobilisé l’opinion, divisée entre d’une part ceux qui reconnaissent aux organisateurs le droit de tenir leur meeting et d’autre part, ceux qui refusent d’accepter toute forme de manifestation qui n’est pas de nature à soutenir la transition.

Alors que les organisateurs ont annoncé un meeting à la Bouse du travail de Ouagadougou pour commémorer le 9ème anniversaire de l’insurrection populaire et interpeller le gouvernement sur les restrictions des espaces de libertés, des remises en causes des acquis démocratiques, des enlèvements et autres disparitions forcées, leurs contempteurs ont vite fait d’annoncer une marche-meeting pour déstabiliser la transition.

La CGT-B, principale cible des attaques, serait devenue subitement une organisation à la solde de l’impérialisme notamment français qui tient à renverser le capitaine Ibrahim Traoré. On a même annoncé publiquement que des milliards de francs CFA auraient été mis à la disposition des responsables de la CGT-B pour cette mission de déstabilisation et de sape de la marche du peuple vers sa souveraineté. Bien sûr, tout cela était monté de toutes pièces pour attiser les sentiments nationalistes chez certains Burkinabè et les monter contre les organisateurs du meeting. Cette campagne de désinformation et de manipulations a eu pour effet de provoquer des réactions violentes à travers des menaces à visages découverts contre les éventuels manifestants notamment, à travers des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux avec des armes blanches (machettes, arcs à flèches, etc.)

Malgré la pression, les organisateurs maintiennent leur activité. Ils l’on réaffirmé lors d’une conférence de presse le jeudi 26 octobre.

Face à la montée de la tension, le Président de la délégation spéciale (PDS) de la ville de Ouagadougou entre en scène. Au détour de sa réponse accusant réception de la lettre d’information des organisateurs sur la tenue de leur meeting conformément à la loi portant liberté de manifestation sur la voie publique, le PDS, tout en reconnaissant la légalité de la manifestation, « demande respectueusement de surseoir » au projet de meeting afin d’éviter de renforcer la fracture sociale et de mettre en péril la cohésion sociale.

Parallèlement des démarches d’intercession auraient été entreprises par les autorités morales (coutumiers et religieux) pour obtenir ce sursis à manifester.

Finalement dans la soirée du vendredi 27 octobre 2023, les organisateurs ont décidé de suspendre la tenue du meeting. Un épisode dangereux venait ainsi d’être clos. Mais, il laisse bien des questionnements sans réponse surtout, il a mis à nue la profondeur de la fracture sociale et les menaces réelles qu’elle fait peser sur le pays. L’on a pu mesurer le poids des fake news et la désinformation sur la paix et la cohésion sociales. Ils restent aujourd’hui l’une des graves menaces actuelles pour le vivre ensemble apaisé au Burkina Faso. Si rien n’est fait par les autorités pour préserver l’ordre public et la cohésion sociale, la désinformation pourrait devenir une arme de destruction massive.

Nerwatta KAFANDO

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