29 mars 2024
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Procès Thomas Sankara et compagnons : L’accusé Yamba Elysée Ilboudo reconnaît les faits qui lui sont reprochés

Le procès sur l’assassinat du capitaine Thomas Sankara et ses douze compagnons a amorcé, ce mardi 26 octobre 2021, l’étape d’audition des accusés. Le premier accusé à la barre est Yamba Elysée Ilboudo. Il était à l’époque des faits, agent et chauffeur dans la sécurité de Blaise Compaoré. Avant l’audition de l’accusé à l’audience du jour, le président du tribunal a annoncé que Me Ollo Larousse Hien, de l’accusé Tondé Nida Pascal a déposé un mémoire devant le tribunal demandant l’annulation des poursuites contre son client. Et sur la demande de la défense de mise en liberté provisoire de certains accusés, le juge a ordonné la libération de tous les accusés,  sauf le général Gilbert Diendéré qui purge déjà sa peine du putsch manqué de septembre 2015.

Il était 9h15 lorsque dans la salle d’audience, une voix puissante annonce la chambre. Tout le monde se met debout. La chambre a pris place et a invité l’assistance à s’asseoir. Après cette installation, le président du tribunal annonce que Me Ollo Larousse Hien et conseil de l’accusé Tondé Nida Pascal a déposé un mémoire devant le tribunal. Immédiatement, Me Ollo Larousse Hien a été invité à prendre la parole pour mieux étayer le tribunal sur l’introduction de ce mémoire.

Dans ses explications, l’avocat a pointé du doigt certains manquements notamment une confusion entre le fait poursuivi et la requalification des faits. Car selon lui, l’accusé a commis un délit et non un crime. Et qu’on ne peut pas changer la procédure au cours du procès. Par conséquent, cette citation à comparaître mérite annulation. Cette sortie de la défense avec ses éléments  a été battue en brèche par les avocats de la partie. Selon eux, cette erreur matérielle ne peut pas conduire à une nullité et demande au tribunal de rejeter ce mémoire. Le parquet militaire a également emboité le pas des avocats de la partie civile. Suite à ces échanges entre les différentes parties, le tribunal a décidé de suspendre l’audience pour trancher.

Le tribunal©infoh24

À  la reprise du procès,  sur l’exception de nullité déposée par Me Ollo Larousse Hien et conseil de l’accusé Tondé Nida dit Pascal alias Manga-Naaba, la chambre a décidé que le dossier est recevable dans la forme mais le rejette au fond. Après cette décision rendue, le parquet a  décidé de planter le décor en replongeant  l’assistance sur les évènements du 15 octobre 1987 à travers la diffusion de sept éléments audios et vidéos. La chronologie des événements à partir du 15, 16, 19, 20, 26 et 28 octobre selon le parquet militaire vise à permettre de comprendre l’évolution de la situation avec l’arrivée au pouvoir du Front Populaire. Dans les éléments diffusés, le parquet a estimé que le Front populaire s’est lancé dans une explication de l’évènement à la population afin de légitimer son acte. La fin de cette diffusion a permis d’appeler à la barre, le premier accuse dans cette affaire Yamba Elysée Ilboudo.                 

L’accusé Yamba Elysée Ilboudo à la barre

Le président du tribunal a invité l’accusé Yamba Elysée Ilboudo à la barre. Répondant présent à l’appel, il approche, calmement et se place en face des juges. Son identité révèle qu’il est né en 1959 à Kombissiri, ville située à 45 de Ouagadougou. Sa fonction au moment des événements, il était chauffeur dans la sécurité de Blaise Compaoré, soldat de première classe et militaire commando. Et le président du tribunal commence à poser quelques questions.  « Soyez serein. Soyez donc relaxe, à l’aise. Dites tout ce que vous avez à dire », a lancé le président du tribunal à l’accusé.

Ensuite,  il lui rappelle ses chefs d’accusation. Il s’agit de la complicité d’attentat à la sûreté de l’État et d’assassinat. Au rappel de ces charges par le tribunal, l’accusé dit s’y reconnaître. Ce qui signifie qu’il reconnaît les faits qui lui sont reprochés. Puis on assiste à une série de questions du tribunal à l’accusé, aux fins de reconstituer les faits.

L’accusé se souvient avoir été appelé par Hyacinthe Kafando (chef de la garde rapprochée de Blaise Compaoré), de positionner son véhicule pour aller au Conseil. Ils sont donc deux véhicules à avoir embarqué au domicile de Blaise Compaoré. Parmi les occupants de son véhicule de marque GALANDE rouge bardeau, Hyacinthe Kafando. Le second véhicule, la Peugeot 504 est conduit par Pathé Maïga, avec à bord, un certain nombre d’occupants, dont il dit ne pas se remémorer.

La salle d’audience©infoh24

Néanmoins reconnaît-il que dans le véhicule conduit par lui, se trouvaient, en plus de Hyacinthe Kafando, Idrissa Sawadogo et Nabonsseouindé Ouédraogo tandis que dans celui de Pathé Maïga, il a identifié Arzouma Ouédraogo, un certain Sinaré et Ousséni Nébié.

Une fois au Conseil par l’accès nord, ils font d’abord escale au pied-à-terre de Blaise Compaoré. Là se situe également le pied-à-terre du chef de corps, Hyacinthe Kafando. C’est de là que le groupe a mis le cap sur le bâtiment où Thomas Sankara et ses proches tenaient la réunion. Il explique que le bâtiment (où se tenait ladite réunion) a été encerclé et les tirs ont retenti.

Mais, le récit des faits par l’accusé va révéler des contradictions dans les propos. Le tribunal creuse davantage pour avoir tous les contours. Puis, la parole revient au Parquet militaire. Il observe que l’accusé fait dans l’oubli, lorsqu’on se réfère à ses déclarations devant le juge d’instruction. Le Parquet fait donc lecture de certains de ses propos, tels que ressortis dans les pièces du dossier. L’accusé dit ne plus se reconnaître dans nombre des propos et faits à lui présenter.

Ce double jeu de l’accusé agace le parquet militaire qui soutient que « le procès pénal ne consiste pas pour l’accusé à reconnaître les faits et retourner s’asseoir. C’est trop facile ». Le parquet ajoute que devant le juge d’instruction, l’accusé a souligné « je ne savais pas que je partais faire un coup d’état à plus forte raison d’ôter la vie d’innocents ».

Des présumés accusés©infoh24

Et selon le parquet,  Yamba Elysée Ilboudo a été cohérent devant le juge d’instruction, mais devant ce tribunal, il a opté pour la stratégie du silence.  Après le parquet, la partie civile à travers ses avocats reprend la même stratégie avec une série de questions pour creuser. Et c’est le même constat. Parfois l’accusé répond être au courant et quand on poursuit, avec les questions pour percer le mystère, il revient pour dire « je me rappelle pas » de telle chose.

Quoiqu’il ait été titillé par l’avocat de la partie, l’accusé est resté évasif, flou et incohérent dans ses réponses. Avant de suspendre l’audience, le tribunal a tranché sur la requête de la demande de mise en liberté provisoire de certains accusés introduite par les avocats de la défense. Le juge ordonne la libération provisoire des accusés sauf Gilbert Diendéré. Elle reprendra demain à 9 heures  toujours avec l’accusé Yamba Elysée Ilboudo.

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