15 mars 2024
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Terrorisme et insécurité: les insomnies du Président Roch Kaboré

A quelques jours de l’ouverture de la campagne électorale, le Président Roch Marc Christian Kaboré a lancé une offensive médiatique sur son bilan. Ce sont d’abord des confrères français (France 24 et RFI) qui ont eu la primeur de cette campagne médiatique. Ensuite, le samedi 24 octobre, c’était au tour de la Radio rurale de recevoir le président du Faso pour un entretien en langue nationale mooré. 24 heures plus tard, la télévision nationale et Canal 3 étaient à l’honneur. Depuis le Palais de Kosyam, le maître des lieux a fait le bilan de son quinquennat. Pendant quatre vingt neuf (89) minutes, les grands axes de ses promesses électorales de 2015 ont été abordés. Globalement, le Président est satisfait de son bilan quoique la question sécuritaire semble lui rester en travers de la gorge et demeure sa plus grande insatisfaction.

Politique, notamment le processus électoral, sécurité, réconciliation nationale, fronde sociale, justice, santé, éducation, énergie, eau potable, habitat, foncier, infrastructures routières, etc. Ce sont autant de sujets abordés dans cet entretien animé par 3 journalistes de la Radiotélévision du Burkina (Jean Emanuel Ouédraogo Rédacteur en chef de la télévision nationale et Céline Ilboudo de la Radio nationale) et de Canal 3 (Innocent Soulama).

Contexte national oblige, c’est la politique qui a servi d’entrée en matière de cet entretien. Sur ce point, le Président Kaboré est satisfait du processus électoral en cours dont les acquis et avancées résulteraient du dialogue politique qu’il a initié en juillet 2019 entre l’opposition réunie autour de son chef de file et la majorité. Malheureusement, certains burkinabè ne pourront pas exercer leur droit de vote du fait des fortes menaces terroristes qui rendent leurs localités inaccessibles.  Tout en affirmant qu’il ne s’agit ni d’un aveu d’impuissance, ni d’un abandon de ces zones par l’Etat, le Président du Faso soutient qu’il s’agit d’un choix guidé par un pur réalisme.

En passant, il laisse entrevoir qu’il ne reconnaît pas l’opposition non affiliée (ONA) dont la légalité lui semble douteuse.

Abordant justement la question sécuritaire, le locataire de Kosyam tente de rassurer ses compatriotes sur les mesures prises pour restaurer l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue du territoire. Il affirme que les forces de défense et de sécurité abattent un gros travail sur le terrain et montent progressivement en puissance. Des efforts ont été faits pour résoudre les problèmes d’équipements et de primes des hommes au front. Plus de 178 milliards auraient été investis dans ce sens. Il en est de même pour la prise en charge des familles des soldats tombés au front. Enfin, sur ce point, le Président fait une déclaration pour le moins surprenante: « j’ai ouï dire » que des gens auraient quitté le maquis et rejoint leurs familles à Djibo, où « ils auraient demandé pardon » pour s’être engagés dans le mauvais camp.

De la fronde sociale, le président retient qu’elle a eu un impact considérable sur son premier mandat et engendré des engagements financiers qui ont fait doubler la masse salariale des agents publics en 5 ans. Cette masse salariale s’établit à environ 800 milliards FCFA. Toute chose qui a contraint l’exécutif à décider de ne plus prendre de nouveaux engagements financiers avant la satisfaction totale de ceux déjà pris. « Les fonctionnaires que nous sommes représentent entre 135 000 à 200 000 citoyens alors que le pays compte 20 millions d’habitants. Il faudra donc que nous puissions faire des investissements profitables aux autres Burkinabè », a fait remarquer Roch Kaboré.

Sur la gestion de la pandémie de la Covid-19, le président du Faso estime que passés les premiers moments avec toutes les difficultés que le gouvernement a rencontrées, la situation est sous contrôle avec une baisse considérable des décès. Cependant, cette crise sanitaire a eu des conséquences énormes sur l’économie nationale avec une forte baisse du taux de croissance de 6 à 2% et une baisse de recettes. L’Etat a déboursé 178 milliards de FCFA pour le plan de riposte et noué des partenariats avec les banques pour la mobilisation de 100 milliards FCFA pour soutenir la relance les entreprises en difficulté à des taux préférentiels.

Au niveau de la justice, Roch Kaboré reconnait des avancées et des efforts des acteurs mais aussi des difficultés liées aux effectifs et les moyens de fonctionnement. « La séparation des pouvoirs, ce n’est pas un mur qui nous empêche de nous voir ». Affirme-t-il. S’agissant de l’impunité des crimes économiques et de sang, de la corruption, le Président affirme que la justice est réellement indépendante sous son mandat. En tant que Président, il n’a jamais interféré dans le traitement d’un dossier. Et d’ajouter qu’il n’y a pas de défiance réciproque entre l’exécutif et le judiciaire.

Sur le foncier, le président Kaboré reconnaît à demis-mots les pratiques de prédation en cours qui justifient la décision du gouvernement de suspendre l’approbation de tous les projets immobiliers des sociétés privées jusqu’à nouvel ordre. Pour ce qui concerne Ouagadougou, le gouvernement entend déclarer tout le territoire du Grand Ouaga (commune de Ouagadougou et plusieurs communes rurales voisines), « zones d’utilité publique » où les terres non mises en valeur seront désormais la propriété de l’Etat. Toute chose qui empêcherait les propriétaires terriens et les conseils communaux de continuer à octroyer des centaines d’hectares à des promoteurs immobiliers.

En outre, l’on retiendra que le président du Faso est également satisfait de son bilan dans les domaines de l’éducation avec la construction de plus 2500 écoles et la diminution du nombre d’écoles sous paillotes de plus de 50% ; des infrastructures avec des routes construites dans plusieurs régions du pays ; de l’énergie et de l’eau potable, etc. Mais c’est surtout dans le domaine de la santé avec la gratuité des soins pour les femmes enceintes et les enfants de zéro à 5 ans qui suscite plus de satisfaction pour le Président sortant.

Enfin, Roch Kaboré dit tenir à l’adoption de la nouvelle constitution par référendum pour passer à la 5ème République. Mais il rassure qu’il n’est nullement tenté par un troisième mandat.

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