Des vidéos et audios accusant la France d’avoir volé au Burkina entre 2004 et 2021 plus de 500 tonnes d’or ont inondés ces derniers temps, les réseaux sociaux. Des activistes attribuent l’exploitation de l’or du Burkina Faso à la France. Mais qu’en est-il ? Comment la France qui n’exploite pas d’or du Burkina Faso a-t-elle pu en volé autant de quantité ? Nous avons essayé de vérifier. Et voici les faits. Officiellement, les sociétés minières industrielles d’exploitation d’or au Burkina Faso sont canadiennes, russes et australiennes, anglaises, indiennes, ghanéennes, roumaines, etc. Combien de tonnes d’or exportent et exportent toutes ces sociétés par an ?
«Le fétiche de guerre gaulliste » c’est le titre de l’une des vidéo (NDLR https://www.youtube.com/watch?v=qcn5scEGsjQ). Son auteur y déclare : « en 2016, la France a pillé 39 tonnes ; en 2015, 36 tonnes ; en 2014, 36 tonnes ; en 2013, 33 tonnes ; en 2012, 29 tonnes ; en 2013, 32 tonnes. (…) en 2017, on vole au Burkina Faso 45 tonnes, tout ceci sous couvert de lutte contre le terrorisme. En 218 on va voler au pays 52 tonnes. 62 tonnes volés au pays en 2019 et en 2020 on va voler 74 tonnes. En 2021, la production d’or volé au Burkina Faso est de 66,8 tonnes. »
Pour comprendre, il faut recourir au dispositif réglementaire. En effet, la Code minier exige qu’une société qui s’engage à exploiter les ressources minérales au Burkina Faso créé une société de droit commun au Faso. C’est-à-dire que la société se dote d’un identifiant fiscal Unique (IFU) auprès des services des impôts, un registre du commerce auprès du tribunal de commerce et une immatriculation à la sécurité sociale. Mais, derrière ces sociétés de droit burkinabè, se trouvent des intérêts étrangers.

L’exploitation minière est conditionnée par l’obtention d’un permis minier accordé en conseil des ministres par le gouvernement. L’investisseur signe un contrat appelé convention minière avec l’Etat burkinabè.
A ce jour, le Burkina Faso a signé une trentaine de conventions minières avec des investisseurs étrangers et nationaux. Mais dans ce milieu, les permis miniers passent régulièrement de mains à mains à tel point que la nationalité des investisseurs change à tout moment. Par exemple, le permis minier de Youga est passé entre les mains d’au moins 4 sociétés étrangères. D’abord, la société Cayman a été la première sur le site avant que Endeavaour ne se positionne. Le permis est passé ensuite à MNG avant d’atterrir dans les mains de Avesoro. Le permis de Karma est passé de Randgold à Néeré en passant par True gold et Endeavaour.
Présentement, le Burkina Faso compte 11 mines en exploitation : Essakane SA, Houndé Gold, Mana, Boungou, Wahghion, Roxgold, Bissa gold, Ymiougou, Orezone, Somisa et Karma.
Si Essakane, Houndé, Mana, Boungou, Wahghion, Roxgold, Orezone se réclament canadiennes, Somisa est australienne ; Karma est Burkinabè ; Bissa gold et Ymiougou sont détenues par des Russes. Les sociétés canadiennes représentent 63,33% des mines en exploitation au Burkina Faso, les mines russes 18,18% et 9% pour les Burkinabè.
A propos de la production
Selon les sources du Ministère en charge des Mines, en 2022, ces mines ont produit et exporté 57,674 tonnes d’or. Cette production est en baisse par rapport à 2021 où la production est de 67,127 tonnes. La baisse s’explique par la fin de la production des mines de Bouéré (Canadienne) et de Samtinga (Russe) et l’arrêt de la production de Taparko (Russe), Youga (Canadienne) du fait de l’insécurité. Toujours selon les données du ministère, cette production était de 32,6 tonnes en 2011 ; 38,520 tonnes en 2016 ; 50,559 tonnes en 2019 et 62,405 tonnes en 2020.
Selon les audios des activistes, ces productions annuelles ont été « volées » par la France. Si les ces chiffres correspondent aux quantités effectivement produites au Burkina et exportées de manière légale, il convient de noter qu’il ne s’agit pas de la production d’une seule société minière qui a été relayée ; mais la production de toutes les sociétés minières implantées au Burkina. Mieux chaque société exploite et exporte son or. Sur l’ensemble de ces sociétés minières évoluant au Burkina, l’on ne retrouve aucune société française.
Si la France se retrouve dans le secteur minier burkinabè, c’est pas des sociétés de de sous-traitance dans le domaine des biens et services. Des marchés obtenus ont été attribués par des sociétés minières par des sociétés françaises. C’est le cas des sociétés comme Bolloré, Total, Orange, qui ont des contrats de sous-traitance pour livrer aux sociétés minières des biens et services.
Par Aicha TRAORE