Le Lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba, chef de l’État, s’est adressé à la Nation le 27 janvier 2022. Cette sortie officielle a été décryptée par Me Hermann Yaméogo sur L’InfoH24. Lisez !
Non seulement il était très attendu aussi bien par ses partisans que par ses opposants, mais il s’est efforcé de ne pas trop décevoir les espérances des uns et des autres. Les premiers attendaient une adresse de fermeté, qui ouvre de vrais perspectives de changements profonds .
Des changements qu’ils souhaitaient marqués du sceau des priorités nationales et du primat de la souveraineté nationale. Pour eux le président Damiba se devait de susciter un haut les cœurs général un réarmement moral des burkinabé par l’annonce claire du réarmement conséquent et approprié de nos FDS et VDP.
Tout cela sans oublier la nette attente de rupture par rapport à la transition de 2014 , qui a n’a pas fait dans la dentelle au sujet de l’exclusion , de l’inféodation de la justice au pouvoir et d’une manière générale dans la violation des libertés publiques et démocratiques. Je crois qu’ils n’auront pas été déçus.
La fermeté a été au rendez vous des éventuels fauteurs de troubles et dérangeurs embusqués de l’agenda du MPSR.
Le souci de voir les nouvelles autorités s’attaquer aux questions brulantes a été satisfait au delà de toute espérance. Non seulement la question de la sécurité, du recouvrement de nos territoires perdus et de la réconciliation du Burkina Faso avec lui même, ont été abordés dans le droit fil des préoccupations populaires, mais la question même de prévenir le retour aux errements du passé est très sérieusement abordé à travers la quadruple promesse d’une politique de refondation. 4 fois en effet ce concept est revenu et j’en suis personnellement comblé .
Les partisans de la junte n’auront pas été déçus par la nette affiliation du MPSR à la volonté populaire à travers les forces vives, auxquelles il reviendra la tache de décider aussi bien du délai du retour à une vie démocratique normal, que du contenu de la feuille de route de la transition . Ici beaucoup d’officines internationales, reconnaîtront une mise en garde feutrée certes mais non sens détermination , contre les donneurs d’ordre de tout acabit, au détriment de la souveraineté du peuple.
Les seconds craignaient un message déclencheur de chasses aux sorcières, annonciateur d’arrestations et de jugements. Ils pronostiquaient une sorte de diatribe, qui s’appesantirait sur les détournements, les inconduites multiples des hommes du défunt pouvoir, et qui sur les manquements du président déchu serait quelque peu teintée de l’influence des propos dominants dans réseaux sociaux.
Craignant surtout un retour de manivelle politique , ils redoutaient que dans les propos du président Damiba ne transparaisse une volonté de restauration de l’ancien pouvoir déchu à la suite de l’insurrection.
Eh bien on pourrait dire qu’ils sont tombés des nues. Jamais premier message d’après coup d’Etat n’aura été aussi marqué par la tempérance, le souci de la cohésion et la volonté de ne pas jeter de l’huile sur le feu. Le président du MPSR avait une occasion sans pareille, de jouer dans le sens des convictions largement partagées par les burkinabé, jusqu’à verser dans le populisme en inventoriant les graves fautes sans précédents, commises par Roch Kaboré. Non pas du tout. D’un calme olympien, il a parlé en restant constant avec le sens des mesures, qui a caractérisé son coup de force, au point de le faire apparaître comme un coup d’Etat de velours, et même pour quelques uns qui n’en revenaient pas, comme un coup d’Etat arrangé.
De même que l’ancien président n’a pas été déposé à la MACA comme beaucoup s’y attendaient, que les membres du gouvernement dissous n’ont pas davantage été gardés au frais, témoignant d’un souci d’adoucissement des craintes, de même des annonces haineuses et vengeresses ne transparaitront aucunement du discours pas un mot déplacé ou désavantageux à l’endroit de l’ancien président Kabore . Il s’en trouvent qui poussant loin la plaisanterie disent que si l’endroit qu’on soupçonne de l’héberger est bien murmuré, ils aimeraient bien y être gardé dans les mêmes conditions. Au contraire de toutes ces appréhensions, l’appel à tous les burkinabé, à la fédération de toutes les énergies en seront les points forts.
Allant dans le sens de ceux qui souhaitent que les « procès emblématiques soient poursuivis, il a précisé que les autorités qui en étaient saisies, continueront leur travail même si beaucoup en raison de la nature de ces juridictions d’exception, grinceront des dents. Le président Damiba n’a pas craint de susciter une certaine réprobation, en laissant tant de marges de libertés à beaucoup, qui dans l’opinion sont persuadés qu’ils pourraient en faire un usage préjudiciable à sa propre personne, et à l’heureuse expérience en cours. Pour la sérénisation nationale il en pris les risques.
Non , non et non qu’on se le disent l’objectif du MPSR, n’est pas de remettre en selle un ancien ordre mais qu’on en soit convaincu , de satisfaire les attentes du peuple.
Voilà en gros ce que je peux dire sans oublier que le « La patrie ou la mort nous vaincrons », même précédé d’autres formules moins marquées, apparaîtra comme un effort d’apaisement de frange très idéologisées de la population.
Sans doute que l’annonce du sommet des chefs sur le Burkina Faso, les possibles mesures de rétorsions, et la venue selon les usages d’une mission sur place de l’organisation régionale , auront sur plus d’un point influencé la teneur de la communication. Même si tel était le cas cela au total n’aura rien eu de déplacé, tout au contraire . La sagesse des propos en aura embarrassé plus d’un jusqu’au niveau international, qui n’auraient pas hésité à mettre en œuvre des projets de déstabilisations.
Il reste seulement à ne pas oublier que si une telle tolérance imprime la démarche du MPSR, sans régimbades particulières de ceux qui ont été le plus à la manœuvre pour son avènement, il serait juste et prévoyant d’avoir pareille empathie pour ceux qui ont souffert et souffrent encore, des incuries du régime passé, et de ces multiples violences en politiques toujours sans réparations .La même préoccupation de solidifier les bases de la cohésion et de la fédération des énergies devrait conduire à donner un sens plus concret et immédiat en raison des urgences dominantes, à la réconciliation nationale . Ce qui en appelle notamment à la libération des détenus politiques militaires ou civils, et au retour des exilés.
Pour finir je sais que beaucoup comme moi, auront été impressionnés par l’art du choix et du dosage des mots , par une personnalité si jeune sans pour autant tomber dans l’opportunisme, la finasserie. En seront surpris ceux qui ne savent pas que nous avons à la tête du pays un auteur, un écrivain qui n’en est plus à sa première œuvre et qui donc des mots sait en faire usage avec le sens de l’à-propos .C’est important surtout quand on est à la tête d’un État comme le Burkina Faso, confronté à de multiples phénomènes de décohésions.
Tres belle compréhension après analyse.Merci Maître de nous décortiquer plus .Écrivain comme vous donc vous êtes mieux placé pour le comprendre et nous permettre de comprendre .