30 juillet 2025
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Dénonciation de l’accord de coopération militaire : Exit SABRE, bienvenue WAGNER?

Une semaine après le séjour de la Secrétaire d’Etat Française chargée du développement, de la francophonie et des partenariats internationaux, Chrysoula Zacharopoulou à Ouagadougou, le Burkina Faso a finalement acté le départ des forces françaises Sabre de Kamboinsin. L’accord de coopération militaire qui liait les deux pays depuis 2015 et renouvelé en 2018 a été dénoncé le 18 janvier 2023. Il venait régulariser la présence de ces forces françaises au Burkina depuis 2008. Conformément aux termes dudit accord, la France a un mois, à compter de la date de notification pour s’exécuter. Ce départ des forces françaises ouvrent-elles grandement la voie à l’arrivée de celles des forces paramilitaires russes du Groupe Wagner que certains annoncent pour très bientôt au Burkina ? 

Par courrier confidentiel N°2023 -025/MAECRBE/CAB du 18 janvier 2023, le département des affaires du Burkina a saisi le Ministère français de l’Europe et des affaires étrangères pour dénoncer officiellement l’accord de coopération militaire entre les deux pays. La nouvelle a fait le tour des réseaux sociaux suite à son annonce par l’Agence d’Information du Burkina. Le président de la Transition, le capitaine Ibrahim Traoré l’avait pratiquement annoncé à l’université de Ouagadougou, le 17 janvier lors de sa rencontre avec les étudiants, en promettant une clarification dans les jours à venir, de la coopération militaire entre le Burkina et certains Etats, notamment la France pour ne pas la citer. Il faut dire que la décision était déjà dans les tuyaux. Puisque dès le lendemain, elle été notifiée à la France par voie diplomatique, notamment une note verbale. Normalement, les forces françaises devraient quitter le Burkina Faso dans un mois. Peut-être quelques semaines de plus, à négocier en cas de besoin avec la partie burkinabè pour pouvoir évacuer totalement tous les éléments et leurs matériels.

Le Capitaine Traoré et son gouvernement ont finalement décidé d’assumer leur choix de diversification des partenariats

L’on pourrait, dire enfin ! Puisque depuis le putsch du 30 septembre 2022, les relations entre entre le Burkina Faso et la France suscitent des manifestations des mouvements pro-russes qui accusent la France d’être la cause des malheurs du Faso et revendiquent le départ de ses forces françaises et de son ambassadeur. Ces mouvements de foule font écho aux premiers discours du capitaine Ibrahim Traoré qui, avant même de prendre fonction, avait annoncé sa volonté de diversifier les partenaires et libérer son pays du joug de l’ancienne puissance coloniale. Et depuis, la diversification des partenariats est au chœur des discours officiels.

Le Ministre porte-parole du gouvernement Jean-Emmanuel rassure que le Burkina a décidé de compter sur ses propres forces

En actant donc la fin de cette coopération militaire, le Burkina est pratiquement en train de cloner le désamour entre la France et le Mali. Alors, le Capitaine Ibrahim va-t-il aller jusqu’à faire venir les mercenaires du Groupe Wagner au pays des hommes intègres ? Selon certains confrères, les discussions seraient bien avancées pour 10 000 euros (soit 6,6 millions de francs CFA) par mois et par mercenaires (Cf. Jeune Afrique : http://ow.ly/2ixc50MkfiB). En tous cas les supputations vont bon train. Si pour certains l’arrivée de Wagner au Burkina est désormais une question de jours ou de semaines, pour d’autres ce serait une grave erreur car ces mercenaires sont loin d’être la solution contre le terrorisme au Burkina. Pour eux, l’arrivée de Wagner va créer plus de problèmes de cohésion au sein des forces armées et n’apportera pas une plus value. D’autant plus que le Burkina Faso a recruté 50 000 volontaires pour la défense de la patrie (VDP) qui sont en cours de déploiement après leur formation. Mieux, comment un pays qui a lancé une mobilisation patriotique pour prendre en charge les VDP, dont la mobilisation nécessite plus de 100 milliards (qui reste à mobilier) peut-il s’hasarder à recruter des mercenaires (500 avancent certaines sources) à 6,5 millions chacun par mois ? En tout cas, le porte-parole du gouvernement, Jean-Emmanuel Ouedraogo a rassuré que le Burkina Faso comptent sur ces propres forces notamment, les forces de défense et de sécurité (FDS) et les volontaires pour la défense de la patrie (VDP). Il l’a réaffirmé à la télévision nationale ce lundi 23 janvier 2023.

Evguéni Prigojine, le patron du Groupe Wagner, veut avoir le Burkina Faso dans son portefeuille client

Ce qui est certain Evguéni Prigojine, le patron du Groupe Wagner (qui avait dès le 4 octobre 2022, salué l’avènement et apporté son soutien au capitaine Ibrahim Traoré) fait des appels du pied aux nouvelles autorités Burkinabè depuis le début. « Je salue et j’apporte mon soutien au capitaine Ibrahim Traoré » a-t-il déclaré sur les réseaux sociaux ajoutant que les putschistes du 30 septembre « ont fait ce qui était nécessaire et ils l’ont fait uniquement pour le bien de leur peuple (…) Je félicite chaleureusement et je salue le capitaine Ibrahim Traoré, un véritable fils courageux (…) de sa patrie ».

Depuis le début donc, Wagner et ses lobbies font des pieds et des mains pour avoir un nouveau client : le Burkina Faso. Le Capitaine Traoré va-t-il suivre les traces de Assimi Goïta jusqu’au bout dans la relation avec la Russie en y achetant aussi bien des armes que des mercenaires ?

En rappel, en 1977, l’Union Africaine (alors Organisation de l’Unité africaine) a adopté une convention pour l’élimination du mercenariat en Afrique. Cette convention a été ratifiée par le Burkina en juillet 1984 sous le magistère du Président Thomas Sankara. Au terme de ladite convention, est considéré comme mercenaire, « toute personne spécialement recrutée dans le pays ou à l’étranger pour combattre dans un conflit armé ; prend part aux hostilités en vue d’obtenir un avantage personnel ou une rémunération matérielle ; qui n’est ni ressortissant d’une partie au conflit ni résident du territoire contrôlé par une partie au conflit ; qui n’est pas membres des forces armées d’une partie au conflit ; et qui n’est pas envoyé par un Etat autre qu’une partie au conflit en mission officielle en tant que membre des forces armées dudit pays ». Comme on le voit donc les forces de Wagner relèvent d’une organisation privée et n’interviennent que sur la base de contrats rémunérés pour combattre dans un pays étranger sans mandat d’un autre pays.

Le Burkina Faso va-t-il violer, cette convention ratifiée par la révolution démocratique et populaire du Capitaine Thomas Sankara ? Quelles peuvent être les conséquences d’une telle éventualité ? Affaire à suivre !

Par Aicha TRAORE  

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