10 août 2025
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Gouvernement MPSR1 (2/4) : Le clair-obscur… (Maixent Somé)

Dans la série des quatre articles sur le gouvernement du mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) de l’expert des tics et analyste politique, Maixent Somé. Nous vous proposons le deuxième article.       

Voici plus d’un mois que le mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) a pris le pouvoir. On sait ce que le Comité Technique a proposé. On sait ce que les Assises Nationales ont proposé.

On connaît désormais le premier ministre et les membres de son gouvernement.

Et vu la tendance du nouveau régime à se conformer au formalisme démocratique, je suppose que nous aurons bientôt droit à un discours de politique générale du nouveau premier ministre devant la mini assemblée nationale de transition de 71 membres…

Mais qui sait exactement ce que le Lt-colonel Damiba et les membres du MPSR veulent faire ? Quelles sont leurs priorités ? Qui sont les membres du MPSR ? Qui sera dans le fameux Conseil d’Orientation et de Suivi ? Et sur quelles bases ? Quel sera l’équilibre entre la présidence, le gouvernement nommé par le président, le CNT dont certains membres seront nommés par le président et les autres cooptés par lui ?

Les personnes cooptées dans les instances de la transition le sont-elles pour bénéficier de leur expertise, ou pour l’affichage afin de plaire à l’opinion publique dominante de Ouagadougou et de Facebook, ainsi qu’à la communauté internationale, CEDEAO en tête ? À cette heure-ci, on n’en sait rien !

Bien-sûr, on peut supputer et spéculer à partir des déclarations, des décrets, et des différents documents déjà parus. Mais la réalité est qu’on n’en sait strictement rien ! Le lieutenant-colonel Damiba est aussi taiseux que son ami Goïta… Mais également son ancien patron Blaise Compaoré !

Des grands axes

Lors du premier conseil des ministres, le président Damiba aurait rappelé ses priorités aux ministres : Restaurer l’intégrité du territoire national ; Résoudre la crise humanitaire en réinstallant les PDI chez elles; Refonder l’État ; Faire la réconciliation nationale…Vaste programme. Mais comment ? Rien sur les trois premiers points. Rien non plus sur la famine qui se profile à l’horizon…

Or le Burkina, par sa situation géographique, mais aussi parce que devenu l’épicentre de la crise, est important dans cette reconfiguration de la lutte antiterroriste au Sahel. Le Burkina compte en effet à lui seul 83% des PDI du G5-SAHEL, et 53% de toute l’Afrique de l’ouest toutes causes confondues. Derrière ces chiffres, il y a des êtres humains comme vous et moi.

La réconciliation nationale

Sur ce chapitre au moins, on a déjà quelques précisions…Son ministre d’État auprès du Président du Faso, chargé de la Cohésion Sociale et de la Réconciliation Nationale, monsieur Yéro Boly nous dit qu’il veut « continuer le travail sur la base des acquis» à ce ministère, et  promet de « continuer le travail sur la base des acquis déjà engrangés ».

L’ancien Ministre et Ambassadeur a également exprimé toute sa fierté de pouvoir « continuer la lourde et délicate mission » entamée par son prédécesseur Zephirin Diabré…

Voilà qui est intéressant !Yéro Boly n’est pas un inconnu des Burkinabè comme le premier ministre Albert Ouédraogo…Il était l’un des fidèles, du président déchu, Blaise Compaoré. Il fut maintes fois ministre dans ses différents gouvernements. Il a même eu à gérer le ministère de la Défense, un portefeuille ministériel très stratégique. Les mutins de 2011 avaient même saccagé son domicile pour sa gestion de l’armée…

Aujourd’hui, il fait son apparition dans le gouvernement d’Albert Ouédraogo en tant que Ministre d’État. Il ne rend compte qu’au président du Faso, Paul Henri Sandaogo Damiba. Sa mission est de réconcilier les Burkinabè.

« Réconcilier ceux qui se sont séparés en 2014, c’est-à-dire travailler au retour des exilés politiques pour une réconciliation sincère, et ensuite engager des négociations avec ceux qui ont pris les armes contre la patrie.»

Il y a donc une continuité entre le MPSR et le gouvernement Kaboré de ce point de vue car les priorités sont les mêmes : d’abord les politiciens, ensuite les communautés.

Or, nous pensons comme le Dr Ra-Sablga Seydou Ouédraogo, que ce n’est pas la bonne conception de la réconciliation nationale.

Voici ce qu’il en disait lors d’une émission sur BF1 :

« Nous avons quatre priorités dans la réconciliation :

  1. La première priorité, c’est la réconciliation entre nos communautés. Vous ne pouvez pas dire que Yirgou ne s’est pas passé.

Vous ne pouvez pas dire que tout baigne à Barsalogho.

Vous ne pouvez pas dire que nous étions ce pays formidable dans lequel l’ethnie, la religion et la région n’étaient pas des paramètres décisifs dans l’espace public.

Nous le sommes moins aujourd’hui.

Donc c’est le chantier [majeur] de la réconciliation. (Sa langue a fourché en disant majoritaire à mon avis)

Et c’est ce qui fait des morts ! C’est ça qui nous altère en tant que peuple exceptionnel.

  • La deuxième réconciliation, c’est celle entre l’État et la population.

Qu’est-ce que c’est cet État qui se vante de reprofiler le bitume à côté de FREE AFRIK ? C’est très gentil pour nous, et qui n’amène pas l’eau potable à plus d’un million de déplacés, et qui laisse des organisations internationales humanitaires venir donner la pitance aux gens à Titao.

Nous ne construisons pas la nation comme ça.

C’est la deuxième priorité de la réconciliation. Créer une réconciliation réelle entre l’État et la population, en apportant l’eau, en résolvant les problèmes concrets des gens ; en arrêtant de faire en sorte que quand ça concerne les élites urbaines, ça concerne toute le pays, et que quand ça concerne les majorités populaires, ça ne concerne personne.

Parce que notre population en veut à cet État, qui fabrique des inégalités, qui l’a déconsidère, qui vit sur son dos, et qui lui tourne le dos.

  • La troisième priorité de la réconciliation, c’est la réconciliation, c’est la réconciliation au sein même de l’État.

Nous avons documenté en 2015, plus de 5 065 cas de dossiers de bris de carrière.

Qu’est-ce à dire ?

C’est des gens qui sont dans l’administration, et qui ont été brisés d’une manière ou d’une autre, de façon injuste.

Et l’État n’a pas réparé.

C’est ça la réconciliation à l’intérieur de l’État. La réconciliation à l’intérieur de l’État, c’est les inégalités entre les salaires, qui alimentent les conflits et les grèves.

C’est le traitement de cela la réconciliation à l’intérieur de l’État.

  • Et c’est seulement quatrièmement la réconciliation entre les amis d’hier et les ennemis d’aujourd’hui qui sont les amis de demain.

Si nous considérons ça, on a un formidable véhicule à 4 roues. Et la quatrième roue, gauche là, c’est là-bas qu’il y a les politiciens. »

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Le volet militaire de la lutte antiterroriste

Par ailleurs, quelle sera la stratégie du volet militaire de la lutte antiterroriste, notamment en ce qu’il concerne les alliances stratégiques ?

La duplicité et le double-langage comme l’ex PF Kaboré et son MPP ?

Le pragmatisme des deux présidents successifs du Niger Mamadou Issoufou et Mohamed Bazoum ?

La dérive populiste de la junte malienne ?

Là aussi, la grande muette naguère si loquace à travers ses webactivistes et ses relais journalistiques est subitement devenue muette pour de vrai.

Aucun signal clair.

Or la France, lasse de servir de bouc émissaire et de punching-ball à la junte malienne et ses supporters, a fini par décider à retirer ses troupes et les troupes européennes du Mali.

L’heure est à la redéfinition, au redimensionnement, à la réorientation, et au redéploiement des forces étrangères au Sahel…

Quel sera le choix des nouvelles autorités en matière de choix des partenaires stratégiques? Faire partie du cordon sanitaire déployé autour du Mali, ou faire partie de ceux autour de qui ce cordon sanitaire est déployé ?

Là encore, silence radio. Et l’examen des personnalités, du parcours et des déclarations passées des membres du nouveau gouvernement ne permet pas de dégager une tendance tant certains d’entre eux sont aux antipodes dans leurs prises de positions vis-à-vis de « l’impérialisme international, notamment français » selon la formule consacrée au Burkina !

Au plan intérieur, le président du Faso, Paul Henri Sandaogo Damiba, aurait été on ne peut plus clair, quand il a rencontré les leaders coutumiers et religieux. « Les attaques terroristes sont beaucoup plus fréquentes, dans les zones où il y a une forte communauté peul », aurait-il dit.

Cette chanson là aussi, on l’a entendue sous le régime Kaboré…Et le résultat fut Yirgou et d’autres affrontements intercommunautaires, mais également beaucoup d’allégations d’exactions de nos FDS dans le Soum qui valurent une campagne de diabolisation des ONG comme Human Right Watch qui avaient osé les relayées…

J’ose espérer que l’analyse du MPSR va au-delà de ce constat superficiel car la question n’est pas tant les statistiques ethniques que les causes du terrorisme sahélien qui sont désormais extrêmement bien documentées !

Conclusion

Les raisons invoquées par la MPSR pour justifier son coup de force laissaient espérer qu’ils avaient une réflexion plus aboutie et une stratégie plus claire. Tel n’est malheureusement pas le sentiment qu’il donne pour l’instant malgré son extrême habileté…Espérons !

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