4 mai 2025
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Procès Thomas Sankara et de ses douze compagnons : «Blaise Compaoré souffrait de la ‘’sankarite’’» Me N’Zepa Ferdinand

Le procès sur l’affaire Thomas Sankara et autres a repris ce mercredi 2 février 2022 avec l’étape des plaidoiries après le rétablissement de la Constitution par le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR). Dans cette phase, il s’agit pour chaque partie (civile et défense), à travers des éléments apportés par les témoignages, les experts de convaincre le tribunal sur l’existence des infractions. Pour le début de cette phase, ce sont les avocats de la partie civile qui ont ouvert le bal des plaidoiries.

Avant le début,  des chaises ont été disposées à la barre pour les 12 accusés sur les 14 accusés afin qu’ils puissent faire face au tribunal et aux avocats. Les deux autres étant absents. Cette disposition est une requête de la partie civile adressée au président de la Chambre  par Me Prospère Farama. Après l’acceptation de cette requête de la partie civile, Me N’Zepa Ferdinand est le premier de la partie civile à prendre la parole.

Me N’Zepa Ferdinand a entamé sa plaidoirie en rappelant que le moment fatidique est venu de connaître ce qui s’est passé le 15 octobre 1987. Le moment est venu pour les familles victimes d’apaiser leur cœur, de faire leur deuil et de savoir la vérité. Certes la vérité qui est attendue ne sera pas parfaite parce que le temps s’est écoulé. Surtout avec l’absence majeure de certains accusés dont Hyacinthe Kafando et Blaise Compaoré.

En effet, quelques témoins ont fait preuve de sincérité, d’autres de roublardise. Pour Me  N’zepa, Blaise Compaoré aurait dû, au soir de sa vie, venir dire sa part de vérité, affronter le regard des treize familles et même demander pardon à ces derniers. Puis il fait appel à des propos du géniteur de Thomas Sankara : « je risque effectivement de mourir sans voir la tombe de Thomas Sankara. Ils étaient tous mes enfants. L’un a tué l’autre. Certainement quand je rejoindrais Thomas, il me dira ce qui s’est passé », relate-t-il avec émotion. Il poursuit en louant le courage de Maraim Sankara.

Mariam Sankara et Germaine Pitroipa à la fin de l’audience©infoh24

Pour lui, ce procès a pu se tenir grâce au courage d’une femme. Celle de Mariam Sankara et aux familles des victimes. A l’endroit du président de Chambre, il dit ceci : « C’est le moment de dire le droit. Nous vous avons suivi depuis le 11 octobre 2021. Vous avez mené les débats avec une justesse hors du commun. On salue le travail de votre tribunal », soutient-il.

Au président du tribunal, il lui dit qu’il a la lourde tâche de rendre une décision qui est attendue dans le monde entier. Pour les Africains, il s’agit d’un procès de celui qui luttait contre l’impérialisme. Selon Me N’Zepa, Blaise Compaoré souffrait de la ‘’Sankarite’’ c’est-à-dire qu’il souffrait du charisme du capitaine Thomas Sankara et pour avoir la santé, il fallait qu’il élimine cet homme charismatique.

Pour soigner cette maladie dont il souffrait, il a eu des soubassements en interne qu’à l’extérieur. En interne pour son remède  selon Me N’Zepa, Blaise Compaoré a eu des soutiens de la part de «partis politiques, de chefs traditionnels et de militaires ». A en croire Me N’Zepa le « véritable mobile » de l’assassinat de Thomas Sankara est que celui-ci empêchait « certains de manger car on le reprochait  en réalité d’avoir trop serré la ceinture. A l’extérieur,  il avait eu aussi des assurances auprès des pays comme la France, la Côte d’Ivoire ou Libye, Me N’Zepa a égrené des faits qui, selon lui, établissent des complicités.

Me Ambroise Farama, avocat de la partie civile©infoh24

De la Côte d’Ivoire, l’avocat explique que la révolution n’était pas du goût du président d’alors, Félix Houphouët-Boigny. Aussi, dit-il, plusieurs tentatives de déstabilisation sont parties de ce pays. De la Libye, l’avocat a évoqué le refus de Thomas Sankara à accéder à certaines demandes du guide libyen dont l’installation d’un centre islamique à Pô. Des accointances avec Blaise Compaoré, Me N’Zepa relate qu’un véhicule blindé a été offert par Mohammad Kadhafi à Blaise Compaoré, « deux jours après le coup d’État ». Pour lui, Blaise Compaoré, depuis « le mois de mai de 1983, convoitait le pouvoir ».

A la suite de Me N’ Zepa Ferdinand, Me Anta Guissé a pris la parole pour exposer le contexte juridique du procès. Pour Me Anta Guissé, les événements du 15 octobre 1987 sont sans aucun doute, un attentat à la sûreté de l’État.

Selon Me Anta elle, les actes de violence se matérialisent avec le sang des treize victimes qui a « souillé » le sol du conseil de l’Entente. Il ne s’agit pas pour elle, de juger seulement les événements au conseil de l’Entente mais aussi aux alentours. Elle soutient qu’on ne peut s’opposer à la légalité du régime en 1987. « C’est un régime légal qui a ratifié la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples. C’est bien Thomas Sankara qui représentait son pays dans les différentes réunions notamment à l’ONU et autres. L’élément moral est donc constitué », soutient-elle.

Me Anta Guissé, avocate de la partie civile©infoh24

La thèse de la légitime défense que certains font tenter de faire croire, en particulier le principal accusé, Blaise Compaoré, ne peut pas être évoquée ici. Le complot de 20h aussi n’a jamais existé, explique-t-elle. Pour terminer, elle a conclu  que l’attentat à la sûreté de l’État dont a été victime Thomas Sankara et ses compagnons, a été prémédité, préparé et exécuté.

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