Ceci est une tribune de l’écrivain Professionnel burkinabè, Consultant en relations humaines, Adama Amadé SIGUIRE
Il y’a un proverbe moaga qui dit: » Le marché sera bon, se fait savoir le premier jour du marché. » Effectivement, les erreurs sont humaines, mais il y a des erreurs qui sont graves. La plupart des gens qui, à cinquante ans, regrettent la vie qu’ils ont menée, sont ceux- là qui ont fait du suivisme leur mode de vie. Ils ont fréquenté des hommes sans grandes ambitions. Ils n’ont pas fait de grands sacrifices. Pour eux, la vie était de la loterie. On gagne ou on perd. Et pourtant, ce n’est pas cela la bonne voie. Il faut choisir de gagner et de ne pas perdre dans la vie.
J’ai écouté hier soir le discours du jeune officier, le lieutenant-colonel DAMIBA. Et j’estime que cette sortie n’est pas mauvaise. Elle pourrait rassurer les uns et les autres qui attendent beaucoup de la junte militaire. Mais, DAMIBA parle aussi de larges concertations. Et c’est bon. Il doit écouter tout le monde s’il a vraiment le temps pour les écouter.
Mais l’urgence est aussi là : il doit aller en guerre contre le terrorisme. Il doit libérer mon village qu’il connait bien dans le Yatenga et tous les autres villages du Burkina. Et puis, l’erreur viendrait de la confusion entre l’insurrection populaire de 2014 et le coup d’État de 2022. Le contexte et les hommes sont bien différents. DAMIBA doit le savoir.
En 2014, les leaders de la société civile et les hommes politiques ont conduit ensemble une insurrection contre le pouvoir de Blaise COMPAORÉ. Ceux qui ont mené l’insurrection n’avaient aucune obligation de réussite, car leur objectif était atteint avant même l’installation de Michel KAFANDO. Ils voulaient chasser Blaise et ils l’ont chassé. La Transition politique n’avait pas une feuille de route. Elle s’est résumée en de larges concertations pour le partage du gâteau. L’État restaurant était la devise de ceux qui ont mené l’insurrection ou si vous voulez, s’entendre pour bouffer, pour que chacun gagne sa part.
Et la transition a fait ses riches. Des gens ont acheté des voitures et ils ont construit des villas. Mon ami Anselme SOMDA est très honnête. Je le respecte beaucoup. Il était au CNT et c’est dans son bureau qu’on discutait. Il m’a dit : « SIGUIRE, on ne savait pas où on allait. Au dernier moment même, c’est comme si l’on nous chassait du Conseil National de la Transition ». SOMDA a répété ces mots sur le plateau de BF1 le mercredi soir.
Et la transition nous a conduit au pire des régimes politiques : celui de Roch KABORE. Qui est l’auteur de l’échec de la transition politique? En tout cas, ce n’est pas Michel KAFANDO qui a montré sur toute la ligne qu’il aime le Burkina. La transition a échoué parce qu’elle n’a eu aucune vision politique. Elle était conduite par tout le monde. C’était le partage des dividendes. C’était le partage de la bouffe parce que c’est tout le monde qui a chassé Blaise COMPAORE.
Est-ce tout le monde qui a fait un coup d’État contre ROCH KABORE ? Non! Ceux qui sont mécontents du départ de ROCH sont très nombreux. DAMIBA a déjà ses ennemis. Il en aura encore. C’est lui et ses hommes qui ont fait un coup d’État et ils ont donné le nom MPSR à leur mouvement. La transition était la transition. Elle n’avait pas un autre nom.
C’est pour dire que DAMIBA doit organiser ses larges concertations. Je ne suis pas contre. Mais personne n’est mieux placé que lui pour savoir où il veut envoyer le Burkina. Il a choisi de vaincre ou de périr comme un sapeur-pompier, comme un bon soldat. Lui et ses hommes seuls seront responsables de leur échec. Mais, beaucoup de Burkinabè seront fiers de leur succès.
L’insurrection populaire n’est pas à confondre avec ce coup d’État, par conséquent, les méthodes ne sauraient être les mêmes. DAMIBA doit avoir une feuille de route politique qu’il va faire comprendre à tous ceux qui voudraient travailler avec lui. Sinon, comme le disait mon ami Lianhoué BAYALA hier soir, l’État est le plus grand restaurant qui sert des plats moins cher au Burkina. Et tout le monde veut manger dans ce restaurant.
La mission du lieutenant-colonel est plus que lourde.
Que SILGA et tous les autres villages du Burkina retrouvent la paix. Voilà ma prière et ma préoccupation.
Dieu bénisse le Burkina.
Adama Amadé SIGUIRE
Écrivain Professionnel/ Consultant en relations humaines.