En ces temps difficiles et dans un contexte oĂč le mercato du ventre rend mĂ©chant sourd et aveugle, la survie du pays demande dâavoir des nerfs dâacier Ă tous ceux qui nâont de boussole que lâintĂ©rĂȘt supĂ©rieur de ce pays.Il faut oser aborder les sujets importants sans passion, mais avec dĂ©termination, clartĂ© et esprit de suite. Câest quoi une transition politique ?
La premiĂšre des choses, câest quâelle ne peut pas tout faire. Elle doit se fixer au maximum trois objectifs majeurs Ă atteindre. Si, elle sâen fixe au-delĂ , elle va Ă©chouer. Dans notre cas, si le MPSR rĂ©ussit Ă rĂ©duire significativement lâĂ©tau terroriste sur le pays au point que lâautoritĂ© de lâĂtat puisse Ă nouveau convenablement sâexercer, il aura pleinement rĂ©ussi sa mission. Sâil veut se lancer dans la refondation des institutions, il Ă©chouera.
Car ces membres ne sây sont pas prĂ©parĂ©s. Si Sankara a rĂ©ussi ce quâil a fait. Câest parce que il y a rĂ©flĂ©chi bien avant avec un groupe dâhommes et de femmes. Quand Sankara est arrivĂ© au pouvoir, il avait une feuille de route claire: la base sociale et les alliances nĂ©cessaires Ă la conduite de la transformation. Il nâavait pas non plus un pays sur le point de sâeffondrer. Personne ne se souvient quâil a demandĂ© quâon lui dĂ©signe 3 cadres intĂšgres par MinistĂšre avec lesquels il va construire son projet politique.
La transition, câest aussi la durĂ©e. Elle est, la plus courte possible. Maximum 2 ans. Toute transition qui dure au-delĂ sâinstitutionnalise et dĂ©vie de ses objectifs initiaux. Dans le cas dâun rĂ©gime militaire, comme câest le cas avec le MPSR, il bascule inĂ©vitablement dans lâautocratie (le meilleur des cas) et dans lâabsolutisme dictatorial (dans le pire des cas).
LâexpĂ©rience a montrĂ© que la probabilitĂ© que survienne le deuxiĂšme cas de figure est plus important. Les militaires par essence ont du mal avec la contestation. Ils considĂšrent tous ceux qui contestent comme des « obstacles Ă traiter ». La dĂ©rive arrive dâautant plus vite quâil ne manquera jamais de larbins civils pour leur cirer la planche (lire Norbert Zongo sur les 5 vies du putsch militaire).
Enfin, un rĂ©gime de transition nâa pas la lĂ©gitimitĂ© nĂ©cessaire pour entreprendre des rĂ©formes dĂ©mocratiques profondes. Certains citent DeGaulle en France. Ils oublient de dire que DeGaulle nâa pas fait de Coup dâĂtat militaire. Il ne sâest pas imposĂ© par la force des armes. Ă chaque fois quâil a voulu rĂ©former les institutions françaises il a recouru Ă la constitution. En 1958, (exactement le 28 septembre 1958, avec Rene Coty comme prĂ©sident et DeGaulle comme chef du gouvernement) par rĂ©fĂ©rendum il institue la Ve RĂ©publique avec le rĂ©gime politique qui gouverne encore la France.
En 1969, (exactement le 27 avril 1969) quand il est dĂ©savouĂ© Ă lâissue dâun rĂ©fĂ©rendum il quitte immĂ©diatement le pouvoir.
Si Damiba est porteur dâune refondation des institutions politiques BurkinabĂ©, il gagnerait, aprĂšs avoir rĂ©duit le terrorisme, Ă les expliciter dans une constitution que le peuple burkinabĂ© adopterait. Il se fait ensuite Ă©lire avec les pleins pouvoirs pour les rĂ©aliser.
Ceux qui lâincitent actuellement et prestement Ă refonder la politique le poussent au suicide. Ils seront ses farouches bourreaux, aprĂšs avoir Ă©tĂ© ses zĂ©lĂ©s laudateurs. Câest dommage que lâhistoire, mĂȘme sous nos yeux nâenseigne pas ceux en situation de pouvoir. Voyez sous vos yeux. Ceux qui hier seulement chantaient les louanges de Roch, sont aujourdâhui ceux qui le descendent en flammes.
Pour terminer. La sortie de Damiba sur le terrain Ă Ouahigouya est Ă saluer. On attend dâun grand stratĂšge militaire comme lui, un vĂ©ritable plan structurĂ© de guerre non pas seulement pour faire une orgie de sang aux terroristes, mais restaurer le pays et ramener le vivre ensemble.
Personne ne cherche Ă avoir raison sur lui. Il peut ĂȘtre sĂ»r dâune chose, le danger ne viendra pas de ceux qui le critiquent, mais de ceux qui se disent ses inconditionnels.
Allah aide, ceux qui sâaident !
NAB