Le centre d’études et recherche appliquée en finance publiques (CERA-FP) a animé une conférence publique, ce vendredi 27 mai 2022 à Ouagadougou, son rapport de suivi citoyen de l’exécution des budgets alloués aux services publics. La présentation de ce rapport s’inscrit dans le cadre du projet « Renforcement des bonnes pratiques et des mobilisations citoyennes en faveur de politiques publiques adaptées à la réduction des inégalités au Sahel ». Elle vise à présenter et à partager les résultats de suivi budgétaire avec les acteurs des différents secteurs sociaux de base (santé, éducation et protection sociale).
Présenter aux acteurs des secteurs sociaux de base (santé, éducation, protection sociale), les résultats du rapport de suivi budgétaire et d’échanger avec eux les résultats du rapport sur suivi citoyen de l’exécution des budgets alloués aux services publics notamment sur la santé, l’éducation et la protection sociale. Ce sont entre autres les grands focaux de cette présentation du CERA-FP lors de cette conférence publique.
La présentation de ce rapport de suivi budgétaire du centre d’études et recherche appliquée en finances publiques (CERA-FP) vise à faciliter l’accès des organisations de la société civile aux données budgétaires pour leur permettre d’organiser leurs actions de plaidoyer et d’assurer au mieux leur rôle de veille, d’interpellation et de suivi des engagements de l’État en faveur des secteurs sociaux (santé, éducation, protection sociale).
Pays à faible indice de développement humain avec une population à grande
majorité analphabète et confrontée au problème de la pauvreté dont les groupes les plus touchés sont les femmes et les enfants. Il était important pour le CERA-FP à travers ce projet de partager ce rapport avec les représentants de l’État. « Car l’inégalité se manifeste de plus en plus à plusieurs niveaux dans ce pays notamment l’accès aux services (santé, éducation, protection sociale) » a déclaré le secrétaire exécutif du CERA-FP, Herman Doanio.
En effet, le gouvernement a mis l’accent ces dernières années sur les secteurs sociaux surtout l’éducation et la santé. De nombreux engagements internationaux ont été pris dans ce sens pour une amélioration des allocations budgétaires destinées à la délivrance des biens et services publics dans les secteurs sociaux notamment (20% pour le secteur de l’éducation, 15% pour le secteur de la santé, 3,5% pour la protection sociale). Mais « ces engagements ne sont pas toujours respectés » a indiqué le secrétaire exécutif du CERA-FP, Herman Doanio.
Des analyses de la société civile révèlent qu’entre 2016 et 2019, l’État burkinabé a alloué annuellement en moyenne 36,72% de son budget aux dépenses sociales (éducation, santé et agriculture) soit (10,01% en moyenne à la Santé, 11,48% en moyenne au secteur agricole, 14,88% en moyenne au MENAPLN et 21,53% pour le secteur de l’éducation).
Malgré les forts budgétaires, on ne constate pas une amélioration au regard des indicateurs sociaux. Par exemple dans le secteur de la santé, les principaux défis sont l’indisponibilité des ressources humaines en santé de qualité et en quantité suffisante pour l’offre efficace des services de santé et surtout le manque permanent des produits de santé. Quant au secteur de l’éducation, les défis sont entre autres l’instauration de l’école de deuxième chance pour la récupération des enfants ayant abandonné le système éducatif, la formation d’un personnel enseignant de qualité en nombre suffisant etc.
Par exemple, le budget 2022 a été adopté en recettes à 2 349,11 milliards francs CFA et en dépenses à la somme de 2 919,15 milliards de francs CFA dégageant à son tour pour ladite année un gap de financement de 570, 04 milliards F CFA. L’analyse des recettes totales de l’État indique un accroissement annuel moyen de 6,84% sur la période sous revue. A l’image des recettes, les dépenses totales se sont accru entre 2020 et 2022 en affichant un accroissement annuel moyen de7, 36%sur la période.
Ces évolutions quoique positives sont à considérer avec modération. En effet, le déficit budgétaire se situe en moyenne de 528, 60 milliards francs CFA sur la période avec un accroissement annuel moyen de 9,55%. Ce niveau est très important et suscite des inquiétudes sur le réalisme et la sincérité des prévisions budgétaires sur la période, concernée.
D’où l’utilité pour les organisations de la société civile de disposer des capacités techniques pour assurer mieux le suivi. Et ce rapport du CERA-FP vient à point nommé pour permettre aux organisations de la société civile de comprendre le suivi budgétaire, de renforcer leur capacité pour mieux assurer le bonheur des populations.
Après avoir pointé du doigt les difficultés pour réduire les inégalités, le CERA-FP dans son rapport a fait des recommandations pour réduire le fossé dans les secteurs essentiels. De ces recommandations, on a l’accroissement des dotations au profit de la santé et de la protection sociale au regard des défis de développement de capital humain, l’instauration d’une culture de résultats basée sur les indicateurs smart sectoriels.
Il recommande aussi de responsabiliser les responsables des programmes avec des contrats de performance et des pouvoirs d’exécution budgétaire efficace, de créer un service en charge de l’accessibilité de l’information budgétaire. Assurer le respect du calendrier budgétaire et la pleine participation des acteurs, de fixer des cibles d’affectation budgétaire par secteur et sur trois ans et d’alléger les procédures de passation des marchés etc.
Aux organisations de la société civile, le CERA-FP recommande de renforcer leur capacité en budget et analyse budgétaire pour un suivi citoyen efficace du budget, d’assurer une large diffusion du guide de suivi citoyen des budgets des secteurs sociaux et d’élaborer une stratégie de plaidoyer et de lobbying pour influencer les affectations budgétaires etc.