Dans la région de l’Est au Burkina Faso, depuis le début la crise sécuritaire, les écoles se ferment et les enseignants sont chassés. Une pression des groupes armés qui écument cette partie du pays, avec un seul mot d’ordre, pas d’« école occidentale , mais leur religion ». Plusieurs sources qui ont connu les activités desdits groupes armés se confient, à l’InfoH24.Info.
Fada N’Gourma, 24 février 2021. On parle d’incendie des écoles. Un drame chaque semaine. Le samedi 19 février 2022, les groupes armés ont mis à feu et à sac l’école primaire de Kikidéni, dans la commune de Fada. Une violence scolaire de plus, après celle du petit séminaire de Bougi, et plusieurs écoles de Potchienmanga, à 10 et 15 km de la ville de Fada.
Des drames successifs, qui laissent perplexe plusieurs citoyens de Fada qui avaient leurs enfants inscrits dans lesdites écoles. Spécialiste de la région, le journaliste Marcel Ouoba de Glumu.info explique « S’ils ferment des écoles les populations seront obligées de replier en ville. Si vous n’êtes plus à l’école, vous êtes obligés de vous plier à leur prédication. On s’interroge alors sur la suite?».
Quelques semaines plus tôt, ils étaient dans la commune de Bilanga, au nord de Fada. Là, ils ont d’abord expliqué aux populations qu’ils ne leur en voulaient pas. « Après avoir acquis le terrain, ils ont fait pression sur les religieuses catholiques de quitter les lieux. Ils disaient qu’ils ne peuvent pas comprendre pourquoi on ne se marie pas dans la religion catholique », confie un prête qui a quitté les lieux pour élire domicile, dans un autre diocèse, après les excursions des groupes armés.
Qui sont ces groupes armés ?
« Ils ont de deux groupes, ceux qui tuent partout et à tout moment, et ceux qui prêchent leur religion. Les premiers sont violents et sanguinaires et les second sont modérés et vandalisent les lieux de cultes et les écoles modernes », confie un médecin qui a rencontré à plusieurs reprises lesdits groupes armés ». « Dans mon centre de santé, ils sont venus me voir avec des malades, ils m’ont intimé l’ordre de les soigner, ils n’étaient pas violents. Ils nous ont demandé de rejoindre leur religion. Aujourd’hui, à force de les voir, de les rencontrer, toujours enturbannés, on est habitués à leurs manœuvres. J’ai vu qu’ils ont enlevé un pasteur avant de le libérer », ajoute la source sanitaire.
« C’est dommage que les policiers ne peuvent pas nous garantir la sécurité », explique un abbé, qui a vécu dans une commune de l’Est sous pression terroriste. « A plusieurs reprises dans ma paroisse, on a demandé aux policiers de faire face à des situations, mais hélas. Ils ont dit aux collaborateurs (des civils), qu’ils ne pouvaient pas les protéger », dit-il avant d’ajouter, « ils ont demandé de quitter les lieux ».
Répandre leur religion
« Ceux qui ne tuent pas veulent répandre leur religion. Mais ceux qui tuent, embarquent les motos et les bœufs. On a l’impression que quand ils viennent, ils disent qu’ils en veulent à l’Etat et aux FDS, mais lorsqu’ils prennent le terrain, ils y imposent leur désiderata », ajoute un religieux.