28 mars 2024
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Justice au Burkina Faso : Quand l’Etat peine à faire respecter la loi

Depuis le 6 août 2019, le gouvernement Dabiré I a licencié 21 fonctionnaires de police dont 16 membres du syndicat de l’Alliance police nationale (APN) pour abandon de poste. Après plusieurs batailles judiciaires, ces licenciés ont eu gain de cause. Et mieux, le Conseil d’État a ordonné au gouvernement burkinabè de rétablir les 21 fonctionnaires dans leurs droits. Mais cela fait plusieurs mois que l’autorité peine à faire respecter cette décision. À quel jeu joue l’Etat burkinabè à travers le non-respect d’une décision de justice.

La justice est-on tentée de croire est celle qui profite au plus faible. Entre le fort et le faible, il n’y a que la liberté qui opprime et le droit qui libère. Mais au Burkina, l’état qui est censé protéger les citoyens est lui-même en porte à faux avec la loi. Il peine à respecter une décision de justice. Pendant ce temps des responsables au sommet ont juré de protéger les burkinabè et à faire respecter le droit. Entre ces propos et la réalité, l’état semble être plus actif en discours que dans la pratique.    

En effet, dans cette affaire de licenciement des 21 fonctionnaires de police, l’APN, un syndicat de la police avait attaqué l’état devant les tribunaux. L’APN avait eu raison devant le tribunal Administratif. Aujourd’hui, c’est le Conseil d’État qui vient encore rétablir ces 21 fonctionnaires de police dans leurs droits. Et jusqu’à présent au niveau de l’état, on observe le statu quo concernant le respect de la décision rendue par la justice.

Le chef du gouvernement, Christophe Dabiré devant la représentation nationale lors de la déclaration du politique générale ©infoh24

Quand on a le courage de prendre des décisions, il faut aussi avoir le courage et surtout l’audace de respecter les décisions des institutions du pays. Avec de tel comportement, on a du mal à croire ce que le chef du gouvernement a dit haut devant la représentation nationale. « La justice est un pilier fondamental de l’Etat de droit et de la construction durable d’une société de paix. Je considère donc le renforcement de l’institution judiciaire comme une priorité » avait-il dit. Si on écoute ce discours prononcé avec tout le sérieux qui allait avec et on regarde ce qu’on fait avec cette affaire. On s’interroge sur la sincérité de nos gouvernants.   

En Afrique et particulièrement au Burkina, dans les contes, on a toujours dit que l’homme ne vaut que par le respect de la parole donnée. Que vaut cet adage chez certains gouvernants. Depuis des mois, le gouvernement burkinabè peine à respecter une décision de justice. Or quand il s’agissait des licenciements, les choses ont été précipitées par le ministère de la sécurité à travers un arrêté, du  18/10/2019, pour licencier 21 fonctionnaires de Police à compter du 06 août 2019 pour abandon de poste.

Et lorsqu’il s’agit de leur réintégration, ce sont des alibis et des subterfuges pour perdre du temps. Avec un tel comportement peut-on faire confiance à ce gouvernement qui refuse en quelque sorte de rétablir des fonctionnaires dans leurs droits. Si on a le courage de dire aux burkinabè qu’« on réaffirme son attachement au respect des libertés individuelles et collectives ». On doit aussi être prompt à agir pour faire respecter les décisions de justice. Mais au Burkina Faso, le saupoudrage est devenu la règle et on ne fait que déplacer les problèmes. On n’a toujours pas compris que le gouvernant est jugé sur sa capacité à faire respecter une décision.

Pour comprendre l’évolution de leur dossier, des membres de l’APN se sont rendus le 11 janvier 2021 au ministère  de la sécurité. Et la secrétaire générale dudit département a refusé de les recevoir. Comme quoi, elle doit attendre des instructions du ministre de la sécurité. Toutes ces manœuvres traduisent cette mauvaise volonté manifeste des autorités chargées de faire respecter la décision de justice. Le droit a été dit mais pourquoi on n’applique pas la décision de justice. Un responsable qui incarne le pouvoir doit, par son comportement de tous les jours, ses actes et ses paroles quotidiens, indiquer la voie à suivre et l’exemple à imiter.

Le chef du gouvernement, Christophe Dabiré et les membres de son gouvernement©infoh24

Le courage d’un chef de gouvernement, c’est la confiance qu’il y a sur les institutions de son pays. Et cela se répercute sur l’ensemble de ses collaborateurs. Sa vie est un graphique dont chaque courbe exprime autant de victoires ou de défaites. Elle ne saurait se bâtir et se consolider ni par des discours teintés de larmes mais la capacité de la personne à faire respecter l’état de droit.

La responsabilité de tout acteur politique quel que soit son rang digne de ce nom doit travailler à la conquête de la confiance du peuple par des actes concrets. « Le développement suppose la confiance », nous a dit le président Jacques Chirac. Ce reproche est de taille. La pire des injures pour un responsable politique consiste à le rappeler son devoir surtout lorsqu’il doit décider pour faire respecter l’état de droit.           

L’état de droit sous-entend un gouvernement prompt à faire respecter les décisions d’une justice opérationnelle au profit de tous, peu importe le rang social. Malheureusement au Faso, les humeurs des uns et des autres ont pris le dessus. Le Burkina Faso de demain n’est autre que celui de l’équité, de la justice pour tous.

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