Le joueur espagnol aux treize couronnes dans le tournoi du Grand Chelem parisien a battu le numéro 1 mondial le serbe Novak Djokovic, mardi 31 mai 2022 en quart de finale et peut rêver d’un quatorzième sacre.
Ils sont entrés sur le court en mai, ils l’ont quitté en juin. Et, à la fin, comme souvent à Roland-Garros, c’est Rafael Nadal qui lève les bras au ciel. Aux termes d’une partie engagée, le joueur espagnol a battu son rival Novak Djokovic en quarts de finale du tournoi parisien (6-2, 4-6, 6-2, 7-6 [4]), pour ce qui pourrait être la possible dernière danse entre deux géants du tennis, leur 59e affrontement sur le circuit s’étant achevé après quatre heures et douze minutes de jeu.
« Pour être honnête, à chaque match que je dispute, j’ignore si ce sera mon dernier ici, à Roland-Garros, et dans ma carrière », avertissait Rafael Nadal avant la rencontre. Même s’il abhorre les sessions de soirée, le Majorquin a débuté la partie comme s’il voulait filer sur orbite. Oubliés la blessure au pied le faisant « vivre avec la douleur » au quotidien depuis des années et ce corps aux bientôt trente-six printemps.
Vieux couple se connaissant par cœur, Nadal et Djokovic parviennent encore à se surprendre. On pensait Nadal fatigué par son long affrontement avec le Canadien Félix Auger-Aliassime au tour précédent ? Pourtant, il attaque sans se ménager, semblant chercher le K.-O. d’entrée. Face au Serbe, l’un des rares à avoir trouvé la clé pour le vaincre sur sa surface fétiche.
Un public à l’unisson derrière « Rafa »
Ce 59e affrontement au sommet sera-t-il le dernier ? Il en avait le fumet. La foule vespérale parisienne ne s’y est pas trompée. Si Nadal n’a pas toujours été épargné par le public de Roland-Garros, qui lui préférait l’esthétisme de Roger Federer ou simplement un outsider, le temps fait son office. Et, à l’heure où le joueur de Manacor glisse à longueur de conférences de presse qu’il pourrait s’agir de sa dernière danse à Roland-Garros, Paris préfère le vertige au silence. Et a poussé le « roi de la terre battue » à étendre son règne jusqu’au bout de la nuit.
Novak revanchard
Par contre, revanchard face à un adversaire ayant retrouvé sa précision sur la terre battue, le numéro 1 mondial n’a pas baissé les bras. « Je n’ai pas bien commencé, mais, en revenant à une manche partout, je me suis dit que j’étais de retour », a exposé le Serbe après la rencontre. A son tour, après avoir mal commencé le deuxième set, Djokovic a pris les commandes d’une partie tout en contretemps, où les deux danseurs n’ont jamais été en cadence. Entravé dans sa quête de grandeur à l’Open d’Australie par les règles sanitaires du pays – et son choix de ne pas se faire vacciner contre le Covid-19 –, le Serbe n’entendait pas céder son titre sans combattre.
Si d’aventure Nadal remportait un quatorzième titre porte d’Auteuil, dimanche, l’Espagnol pourrait graver « sans lendemain » sur l’ocre du court central, tant ce qu’il s’inflige pour être, coûte que coûte, au rendez-vous cette année, rend son futur incertain. « J’avais dit [lors du tournoi de] Rome que j’allais avoir mon médecin avec moi ici. Et qu’avoir mon médecin ici permet de faire des choses qui me soulagent », a soufflé l’homme aux vingt et un trophées du Grand Chelem.
« Je ne sais pas ce qui va se passer ensuite »
Handicapé depuis des années par une nécrose de l’os scaphoïde – le syndrome de Muller-Weiss – du pied gauche, qui ne lui laisse guère de répit, Nadal ne dissimule pas que les traitements qu’il reçoit pourraient accélérer sa fin de carrière. « Je donne tout ce que j’ai pour essayer de jouer ce tournoi dans les meilleures conditions possibles. Je ne sais pas ce qui peut se passer ensuite, résume-t-il. Mais ici, je pense que ça va aller. »
De son côté, Novak Djokovic n’a « pas été du tout surpris » par la énième renaissance de son rival. « Ce n’est pas la première fois qu’il se montre capable de revenir à 100 %, et prêt physiquement, quelques jours après avoir été blessé et pouvant à peine marcher, a constaté le numéro 1 mondial. Il l’a fait maintes fois dans sa carrière. »
Dans la nuit de mardi à mercredi, le Serbe a eu l’occasion d’égaliser à deux manches partout, mais n’a pas su concrétiser. A l’inverse, à l’issue d’un jeu décisif à sens unique, son adversaire espagnol s’est adjugé la rencontre sans trembler.
« Il a réussi à jouer son meilleur tennis aux moments-clés, il mérite cette victoire, sans aucun doute », a reconnu Djokovic, qui mène encore, trente victoires à vingt-neuf, dans leurs mano à mano. A deux marches d’un nouveau sacre, et après sa démonstration en quarts, Rafael Nadal sera favori de la demi-finale face à l’Allemand Alexander Zverev (numéro 3 mondial), vendredi 3 juin, et d’une éventuelle finale.
Source : Le Monde
