26 juillet 2024
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Tribune/Burkina : Pour gagner la guerre il faut mobiliser. Pour mobiliser la puissance seule ne suffit pas. Il faut en plus de l’autorité (Tabyam Ouedraogo)

Ceci est une tribune de l’ancien secrétaire de rédaction des Éditions Sidwaya, Tabyam Ouedraogo dans laquelle il explique que le jour où l’autorité et la puissance seront réunies dans une seule personne, cette personne sera à même de nous conduire à la victoire et à la reconstruction.

Temps précieux s’abstenir de lire. (Ne venez pas dire que je ne vous ai pas prévenu)

Le jour où l’autorité et la puissance seront réunies dans une seule personne, cette personne sera à même de nous conduire à la victoire et à la reconstruction.

Voyez-vous on respecte l’autorité et on craint la puissance. L’autorité est respectée parce que légitime ou reconnue telle par le peuple sur qui elle s’exerce. La puissance est crainte et fait généralement naître la peur et/ou le mépris de celles et ceux qui l’admirent et l’observent.

Le président Sankara avait les deux. Il a failli réussir ou a réussi c’est selon. Le président Compaoré, militaire donc naturellement puissant sous le front populaire a tout fait pour acquérir la légitimité donc l’autorité à partir de la naissance de la Constitution en vigueur encore.

Il n’a pas tout à fait réussi. Car si les pièces du jeu étaient là (parti politiques et pluralisme de la presse, il a perdu par le peu de participation aux élections qui il faut bien le souligner étaient des parties de jeux pipés presque qu’à chaque fois. La presse comme d’habitude n’a rien pu. Alors il s’est rabattu sur ce que tous les dictateurs en bois ont toujours fait. Gouverner avec des gens sur qui on a une emprise.

Ce fût d’abord et évidemment les proches (cercle familial et amical), puis un appareil politique (odp/mt puis cdp) et militaire (Rsp et quelques officiers supérieurs). Appareil sur lequel il a avait le contrôle total évidemment. Bref alors que sa puissance baissait et qu’il était démystifié, année après année (mort de Norbert, mutineries police et armée, opposition politique de plus en plus organisée et crédible et prise de conscience et engagement dans la lutte syndicale), sa faible autorité née d’une légitimité fabriquée s’est rétrécie comme une peau de banane vieillie donc pourrie. La suite on le sait depuis.

Résultat, c’est l’arrivée  de Zida, un accident simplement. Ou du moins la naissance d’un slogan, le plus rien ne sera comme avant mais plutôt pire que meilleur. Ni puissant ni légitime fut le pouvoir Zida. Juste mais assez des deux pour faire un bon joueur. Mais un joueur qui a choisi de réussir le peu qu’il pouvait et d’éviter de sombrer.

Il a été aidé par une Assemblée Législative de députés de très grande qualité et qui a abattu un travail exceptionnel de production de lois de très grande qualité également dans toute l’histoire politique de ce pays. Aussi et surtout Zida a pu se cacher derrière le vrai véritable ou le faux véritable c’est selon, président de la Transition de l’époque. L’autorité respectée de M’ba Michel Kafando a réussi à combler le vide. Tenez, les journalistes, j’aimerais bien savoir ce qu’il pense des débuts de la présente Transition ! Enfin…

Fin 2015 et une chance arriva à ce pays. Le président Kaboré. Légitimé par l’élection de 2015 donc revêtu d’une autorité assez largement reconnue. Il n’en profitera malheureusement pas puisqu’il n’a jamais voulu décider. L’autorité ne peut rien sans volonté de celui en qui le peuple la reconnaît. Ainsi la chance s’est vite transformée en malédiction pour les prêcheurs de bonnes paroles.

La presse en tête avec une irresponsabilité jamais égalée dans son histoire a laissé appeler au sauvetage en oubliant que tous étaient depuis dans le bateau et que s’il y a bien des fuites elles étaient en partie provoquées et agrandies par des malins. C’est de bonne guerre. Et depuis les rats sortis du bateau ne cessent de nous en dire chaque jour un plus sur la faible autorité d’un homme reconduit par défaut à la tête d’un État en dislocation avancée.

De la puissance du président Kaboré je passe et garde mes mots. En effet cela toucherait une institution qui est actuellement protégée par une loi. On ne va pas tenter le diable d’autant que cela n’élargira pas notre espace de liberté. De vive voix au kiosque j’en parle…notons seulement que sa puissance ne signifiait plus que peu de chose aux yeux de beaucoup.

Et nous voici depuis le 24 janvier avec un président dont la puissance ne fait l’objet d’aucun doute. Le président Damiba, chef de l’État, président du Conseil des ministres, chef suprême de nos vaillantes forces de défense et de sécurité. Une puissance naturelle qui se dégage comme à chaque fois que l’Armée prend ses responsabilités. En témoigne le mode d’accession au fauteuil de Kosyam. L’armée c’est la puissance même.

Applaudissements à la Place de la nation. Et la presse y a vu le peuple qui a cessé son mouvement vers le progrès (MPP) pour désormais se mouvoir pour sa sauvegarde et la restauration des valeurs (MPSR). Tout le monde était ébloui, jusqu’à nos sages en robes noires. Bref enfin la personne idéale pour nous conduire en guerre ?

Mais rappelez-vous. J’ai dit, au début la puissance sans l’autorité n’est pas en mesure de mettre une administration en mouvement pour la guerre et de conduire à l’engagement de volontaires pour accompagner les militaires, nos professionnels de la guerre au combat. Qu’en est-il de l’autorité sous cette Transition ? Légitime, la Transition actuelle l’est sans doute, certainement, mais pas encore tout à fait reconnue telle. Des directions puissantes mais où sont l’autorité ? A titre d’exemple l’administration de ce pays n’a pas fonctionné correctement depuis la nomination de l’ex Premier ministre Zerbo en début décembre 2021.

Un Gouvernement resserré qui n’a pas eu le temps de revoir les organigrammes de certains ministères et il y eu le coup d’État. Et depuis c’est réparti pour la mise en place de nouvelles autorités qui auront besoin d’être respectées telles. Mais bien sûr on peut forcer quelqu’un à respecter des heures de travail s’il craint d’être viré mais pas à travailler. Le gérant me dit que la preuve depuis 05h lui est debout mais il n’a pas encore de l’eau chaude pour le café.

Alors que cette nouvelle ère a besoin de légitimité vraie on assiste à une chose extraordinaire. Je vous le dis en vérité une jeunesse irait au front si un général russe venait à lancer le rassemblement dès demain à la place des Martyrs de Ouagadougou. Il y aurait des drapeaux russes partout pour crier Sauvons le Burkina. Ce n’est pas que quelque chose aura changé, mais simplement parce que cette jeunesse est actuellement sous l’autorité de Poutine et non de Damiba. Si vous voulez, pour mieux me faire comprendre je dis, Déby le tchadien serait vivant qu’il réussira au Burkina Faso et au Mali à rassembler pour la guerre. C’est cela le respect de l’autorité reconnue.

Le reste c’est de la puissance uniquement. Et nous savons tous qu’elle est vaine et si l’on n’y prend garde elle appelle d’autres à prendre leurs responsabilités. Et oui. Chacun à des responsabilités. Et peut-être amené comme hier et aujourd’hui à nous conduire carrément dans la merde sous prétexte de prendre les siennes. Bref. Allons en guerre. Oui. Pour gagner la guerre il faut mobiliser. Pour mobiliser la puissance seule ne suffit pas. Il faut en plus de l’autorité. Juste une évidence.

Depuis le kisoque, Tabyam Ouédraogo, Kaarpala ce 29 avril 2022, 05h 45 mn.

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